Si vous réfléchissez souvent à ce genre d’arbitrage, UNE question peut vous aider à y répondre :
- La décision est-elle réversible ?
- Ou irréversible ?
C’est une réflexion de Jeff Bezos publiée dans la lettre aux actionnaires d’Amazon en 2015 (et découverte via Shane Parrish) que je trouve particulièrement intéressante car elle simplifie les critères d’arbitrage en faveur d’une option ou de l’autre.
Si la décision est irréversible :
- Elle doit être prise, selon lui, de manière méthodique, lentement, avec beaucoup de précautions, de délibérations et de consultation. Car une fois la décision prise, on ne peut plus revenir en arrière et il faut vivre avec ses conséquences.
- Un type de décision à ne pas déléguer, en arbitrage final
Si la décision est réversible (ce qui est le cas de la majorité des décisions selon lui) :
- Vous pouvez toujours revenir en arrière
- Vous n’avez pas à vivre avec les conséquences de votre décision pendant des années : vous pouvez repartir dans l’autre sens.
Enfin, Bezos considère qu’une entreprise qui grandit, a de plus en plus tendance à faire appel à des processus de décision longs et lents, dans des situations qui ne le nécessitent pas car généralement à impact réversible.
Ce qui ralentit l’entreprise, crée une plus grande aversion au risque, pas assez d’expérimentation, et moins de créativité et d’innovation en conséquence.
En ce qui me concerne, je me pose souvent ce genre de question en matière de recrutement, par exemple :
- Faut-il impliquer plus de personnes ou moins ?
- Un processus rapide et ou un processus long ?
- Faut-il faire confiance à ses premiers instincts, ou intégrer les critères “rationnels” des uns et des autres ?
Avec l’expérience, je me rends compte que mon avis est généralement fait assez rapidement… mais que la longueur du processus a d’autres objectifs : pas uniquement la bonne prise de décision, mais l’engagement et l’implication des différentes parties prenantes, pour que la décision soit suivie des meilleures conditions de réalisation… ce qui contribue à la rendre bonne, ou pas.
L’équation peut donc être un peu plus complexe que “réversible vs irréversible”, et intégrer le “coût de la réversibilité” ; mais cette approche a le mérite de nous rappeler que beaucoup plus de délégation est possible en entreprise mais que cela n’est pas un réflexe naturel.
La croissance amène l’inertie, et revoir ses processus de décision et à quelle situation ils doivent s’appliquer, peut être une bonne manière de lutter activement contre.