« Nous sommes en retard sur le digital » : opportunité ou … fatalité ?

Le « retard dans le digital » est une notion très relative qu’on entend souvent dans les entreprises, avec comme corollaire immédiat et sous-entendu, la volonté de « rattraper ce retard ».

Mais peut-on passer son temps à rattraper son retard ?

Je pose la question de manière délibérément provocatrice car je commence à croire que cette phrase anodine et commune mérite au contraire la plus grande attention quand elle est formulée, comme un lapsus hautement révélateur d’un « inconscient » d’entreprise qui peut signifier tout autant une situation factuelle et objectivement réglable à un temps t, qu’un mécanisme répétitif et systématique beaucoup plus compliqué à résoudre.

Cette même expression, « nous sommes en retard », peut donc autant refléter une situation riche en opportunités d’innovation et de transformation, qu’une situation empreinte de fatalité qu’on ne peut jamais résoudre si on utilise les mêmes leviers que pour la première.

Comment savoir dans quel cas on se trouve ? (et s’épargner du temps dans le mauvais cas de figure ?!)

Ce n’est pas toujours simple d’identifier précisément dans quel cas on se trouve, mais quelques indices peuvent vous mettre la puce à l’oreille et vous pousser à creuser vos investigations pour adopter la bonne stratégie de réponse :

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Gaston Lagaffe (source image: https://heroscontemporainsetpsychanalyse.wordpress.com)

Cherchez les mécanismes répétitifs : ailleurs que dans le digital, sur d’autres aspects de son activité, de ses métiers ou de son management, l’entreprise est-elle également « en retard » ?

Déterrez le passé : dans les 5 ou 10 dernières années, des situations similaires se sont-elles produites ? Et comment ont-elles été réglées ? Ou perdurent-elles encore ?

Money, money, money : d’où vient l’argent, et où va-t-il en priorité ?
Les activités qui génèrent la majorité des revenus font-elles l’objet d’investissements réguliers de mise à jour, de formation des équipes, d’équipement… ou sont-elles rentabilisées au maximum ? Et le sont-elles pour la création de nouvelles activités, ou pour verser des dividendes aux actionnaires ?

Miroir, mon beau miroir : quel est l’univers de référence de l’entreprise ? Se compare-t-elle à ses concurrents directs et évalue-t-elle son « retard » par rapport à eux, ou a-t-elle un univers de référence plus large, par rapport à des leaders d’autres secteurs par exemple ?

Fantasmes et cohérence : rares sont les chefs d’entreprise qui assument de ne pas avoir une société innovante ; ils sont beaucoup plus nombreux à se vouloir, et à se voir, comme des innovateurs parfois méconnus ou pas assez reconnus. La cohérence ou l’incohérence entre la perception qu’ils ont de leur propre entreprise et celle des clients ou des partenaires de celle-ci, sans parler des employés, est un très bon indicateur.

Quelle approche pour chaque cas ?

Si les indices laissent à penser qu’on est dans une situation de « retard » assez normale sans mécanisme particulier de répétition, un plan d’actions bien étudié et suivi doit permettre, progressivement, de former, de recruter, de transformer, et surtout de créer une culture d’apprentissage permanent qui devrait éviter de revenir dans une situation de « retard » systématique, car dans le digital, ça bouge sans arrêt !

Si par contre vous êtes devant un faisceau d’indices qui vous laisse penser que derrière le retard actuel, il y a un mécanisme de répétition davantage lié à des problématiques de peur de perdre le pouvoir ou le contrôle, de refus de la délégation, de crainte de se faire déborder par des profils plus compétents ou spécialisés, de priorité absolue à l’actionnaire, pour ne citer que ces cas qui sont assez fréquents, là vous pourrez mettre en place tous les plans d’actions que vous voudrez, bizarrement, ça n’avancera pas très vite, et toujours pour une bonne raison… A défaut de pouvoir remplacer les dirigeants bloquants, il ne sert pas à grand-chose de s’exciter sur les plans de transformation interne. Les acquisitions, si elles sont possibles et en étant maintenues isolées du reste, sont la meilleure solution à adopter dans ce cas, pour régler objectivement, un problème qui ne l’est pas du tout.

En attendant la prochaine vague ! 🙂

 

 

 

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